Samedi 11 avril, 11 Timarchiens se sont lancés à la découverte d’une tourbière sous la houlette de Sylvie Meyer, maître de conférences à l’Université Paris Diderot-Paris 7 et Catherine Reeb, professeur agrégé à l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6).

Située sur la commune de Cessières dans l’Aisne, près de Laon, cette tourbière est un site classé Natura 2000, donc protégé. En effet les tourbières, écosystèmes de zones humides qui jouent un rôle majeur pour la biodiversité et comme puits de carbone, sont menacées par le drainage qu’on leur fait subir avant de les exploiter.

Notre tourbière est dite « ombrogène », c’est-à-dire qu’elle s’est formée par excès d’eau de pluie (contrairement aux tourbières « topogènes » qui se forment par écoulement d’un lac ou autre ruissellement). Les tourbières ombrogènes constituent des milieux acides (pH compris entre 3,5 et 3,8 pour notre tourbière) alors que les tourbières topogènes forment un milieu neutro-alcalin.

Les Timarchiens dans la tourbière

Les Timarchiens dans la tourbière

La tourbe est formée de matière organique morte qui s’est accumulée sur de longues périodes de temps. Elle est constituée à 3% de matière minérale et à 97% de matière organique. La plupart des tourbières datent de la dernière glaciation (5000 à 10 000 ans).

Les tourbières accueillent différentes familles de plantes possédant des adaptations à ce milieu particulier. Les sphaignes (genre Sphagnum) sont les végétaux les plus caractéristiques des milieux tourbeux. Groupe proche des bryophytes (les mousses), les sphaignes sont capables d’accumuler plusieurs centaines de fois leur poids en eau, grâce à des cellules que l’on nomme hydrocytes et qui possèdent des orifices pour laisser rentrer l’eau. Autre famille de plantes, les feuilles des Ericaceae sont petites, car leur développement est limité à cause du manque d’azote dans le sol ; c’est le cas par exemple de la canneberge ou cranberry. Les tourbières accueillent également des linaigrettes (Cyperaceae) et des plantes carnivores du genre Drosera.

Un amas de sphaignes et, en son centre, des plantes carnivores du genre Drosera

Un amas de sphaigne et, en son centre, des plantes carnivores du genre Drosera

En bordure de la tourbière, nous avons pu observer le polytric commun (Polytrichum commune) qui est le plus grand bryophyte d’Europe.

Catherine et le polytric commun

Catherine et le polytric commun

Sylvie et Catherine nous ont ensuite menés dans une lande à Ericaceae pour nous faire découvrir la structure d’un podzosol (ou podzol), un type de sol pauvre en nutriments et au pH très acide. L’horizon (= la couche de sol) sableux a une couleur très claire, tandis que l’horizon organique est très noir. L’humus (horizon A) est épais et acide.
La formation complète d’un sol, avec tous ses horizons, nécessite plusieurs dizaines de milliers d’années (500 ans rien que pour l’horizon A) !
Le sol et la végétation sont indissociables. En observant la végétation, il est possible de faire des extrapolations sur le type de sol associé.

L'excellente méthode de Sylvie pour nous faire comprendre l'organisation d'un sol

L’excellente méthode de Sylvie pour nous faire comprendre l’organisation d’un sol

Dans une lande sèche ou lande à callune on trouve de nombreux massifs de callune (bruyère, Ericaceae), mais aussi des bryophytes ainsi que des lichens, c’est-à-dire des organismes résultant de la symbiose entre un champignon hétérotrophe et une algue verte (ou une cyanobactérie autotrophe). Nous avons pu observer par exemple des lichens du genre Cladonia, en forme de « trompette », dont une espèce possédant des extrémités rouges servant à la reproduction. Ces extrémités sont appelées apotécies et chez d’autres espèces de Cladonia, elles peuvent être également noires ou marron.
Les landes sont des milieux menacés ; leur surface se réduit rapidement en Europe. La lande à callune dans laquelle nous étions est classée Natura 2000.

Une espèce de lichen du genre Cladonia et ses apotécies rouges

Une espèce de lichen du genre Cladonia et ses apotécies rouges

Contrairement à ce que la météo annonçait, il n’a (presque) pas plu ! Nous avons même eu droit à un rayon de soleil au moment de la photo de groupe.

De gauche à droite : Catherine, Sylvie, Lucie B., Laura, Sébastien, Lucie G., Océane, Mathilde, Najlae, Léo, Meggy, Aliénor, Olivier

De gauche à droite : Catherine, Sylvie, Lucie B., Laura, Sébastien, Lucie G., Océane, Mathilde, Najlae, Léo, Meggy, Aliénor, Olivier

GALERIE PHOTOS (merci à Laura, Mathilde, Meggy et Océane)

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