C’est sous la pluie que nous nous sommes retrouvés à 10h15 ce samedi 13 février au parking du carrefour de l’épine à Fontainebleau. Le mauvais temps n’ayant pas entamé notre motivation, nous nous sommes aventurés dans la forêt à la recherche de bryophytes. Le terme « Bryophyte » désigne en fait un groupe non naturel en systématique végétale. Nous retrouvons 3 lignées regroupées sous ce terme : les mousses, les hépatiques et les anthocérotes.
Les bryophytes sont des plantes revivissantes, c’est-à-dire qu’elles peuvent « revivre » lorsque le taux d’humidité redevient assez élevé. En effet, les bryophytes peuvent aspirer l’eau comme une éponge ce qui fait changer leur aspect lorsqu’il pleut et les rend bien plus visibles. En regardant autour de nous, nous nous apercevons bien vite de ce phénomène : les rochers et les arbres sont couverts d’une couche verte de mousses. De part ce procédé les bryophytes ont une importance écologique dans l’écosystème des forêts : elles captent l’eau et la retienne un certain temps tout en la relâchant progressivement dans l’atmosphère, c’est ce qui explique l’humidité des forêts. Il faut savoir aussi que les mousses n’ont pas de racines mais des rhizoïdes qui s’ancrent au sol, elles participent ainsi à la cohésion mécanique du substrat.
Nous nous sommes vite arrêtés pour observer les mousses de plus près. A nos pieds se trouvaient deux types de mousses différentes : une mousse poussant vers le haut qualifiée d’acrocarpe (Polytrichum formosum) et une mousse rampante qualifiée de pleurocarpe (Pleuroscleropodium purum).
En observant les mousses à la loupe nous nous sommes rendus compte qu’il y a une sorte de corbeille évasée au sommet de certains pieds de mousses contenant les gamétanges, structure contenant les gamètes mâles (anthéridies) ou le gamète femelle (archégone) selon le sexe de la mousse. Les gamètes mâles, nageurs, sont dispersés par l’eau qui tombe sur les mousses et atteignent le gamétange femelle.
Sur certaines mousses nous pouvons observer une sorte de pédoncule se terminant par une petite capsule, surmontée en général d’une coiffe ; il s’agit en fait du produit de la fécondation des deux gamètes : le sporophyte qui pousse sur la plante femelle. C’est le sporophyte qui va produire des spores qui vont se disséminer et donner de nouvelles mousses là où ils vont se développer.
Hé oui, les mousses que l’ont peut observer un peu partout en forêt sont haploïdes, c’est-à-dire qu’elles ne possèdent qu’une seule version de chaque chromosome, alors que la partie diploïde (qui possède une paire de chaque chromosome, comme nous) n’est en fait que le sporophyte qui pousse au sommet des mousses femelles.
Le cycle de vie des mousses peut sembler compliqué au premier abord mais nous avons eu droit à un bon dessin explicatif sur le sol.
Il y a également de la multiplication végétative par fragmentation du thalle.
Nous sommes ensuite montés jusqu’à la platière sous la pluie en nous arrêtant fréquemment pour observer les mousses à la loupe.
Il y a une très grande diversité de bryophytes dans la forêt de Fontainebleau, nous avons pu observer :
– Le politric Polytrichum formosum.
– le dichrane à balais, Dicranum scoparium une mousse très courante comme le politric, qui a toutes ses feuilles orientées dans le même sens.
– Pleurozium schreberi, d’un vert plus jaune que les autres mousses et avec une tige rougeatre.
– des Hypnum, qui ont aussi leurs feuilles recourbées dans le même sens, avec la pointe vers le bas.
– des Leucobryum (Leucobryum glaucum et Leucobryum juniperoidum) qui poussent en coussin et qui retiennent très bien l’eau, les feuilles sont constituées de plein de cellules mortes entièrement remplies d’eau et de quelques cellules chlorophylliennes, ces mousses sont un marqueur d’acidité du terrain.
– une hépatique à feuilles : Lophocolea dont les feuilles ont deux petites oreilles de chat à leur extrémité.
– des mousses épiphytes (qui poussent sur les arbres) de plusieurs genres dont l’espèce Ulota crispa. Les mousses épiphytes poussent souvent en forme de coussin qui est issu de la multiplication végétative du même individu.
La pluie à cessé lorsque nous sommes arrivés au sommet de la platière et nous avons pu observer de nouveaux types de mousses poussant dans un milieu différent :
– des mousses du genre Tortula qui ont une nervure centrale transparente, qui est une adaptation au milieu sec.
– le politric Polytrichum juniperinum qui est plus bleuté et avec un poil rouge au bout.
– des Lophozia ventricosa qui ont des amas de cellules au bout de chaque feuille qui vont être dispersées lorsqu’un animal va passer à proximité et donner naissance à une nouvelle plante, c’est une dispersion clonale.
– des Tetraphis pellucida qui ont des coupelles contenant des cellules de dispersion clonale ressemblant à de la farine verte.
Pour conclure cette sortie nous avons bu du thé que Catherine avait apporté avant de redescendre de la platière. Catherine avait aussi apporté pour chaque personne un exemplaire du petit livret Initiation à la bryologie que nous avons pu ramener chez nous ainsi qu’une clé d’identification des mousses envoyée par e-mail.